Patrizia Cattaneo

PERE MATTEO D’AGNONE
ET LA CAUSE PRINCIPALE DE TOUS LES MAUX

Je considère que la cause principale de tant de maux dans le monde est le peu de pénitence des chrétiens. Je vois que beaucoup de péchés sont commis, je le regrette, mais cela ne m’étonne pas. Avant tout car nous ne sommes pas des anges, nous ne sommes pas encore confirmés en grâce et ne sommes ni de marbre ni de métal mais sommes le fruit qui descend de la racine infectée d’Adam, faibles et conçus dans le péché. Par contre, je m’étonne du manque de pénitence en réparation des péchés. Je ne parle pas des examens de conscience peu soignés qu’on a l’habitude de faire ni des péchés en œuvres, en paroles ou en pensées que telle ou telle personne aurait collectionné 365 jours par an… Je ne parle pas non plus du manque de douleur qu’on ressent pour les fautes commises et que nous allons confesser comme si nous avions offensé un Dieu de bois ou de paille. Par contre, je parle du manque de réparation, du peu de fruit de notre pénitence : toutes les années, nous nous confessons mais nous ne nous corrigeons jamais. J’ose affirmer que parmi tous les maux existant dans le monde, le pire, ou l’un des pires que je connaisse, est celui-là : le salut de beaucoup de chrétiens est en danger car ils se confessent ainsi et dès que la confession est terminée, ils retombent avec légèreté dans les mêmes péchés.
O prêcheurs de l’Eglise de Christ, où allez-vous vous perdre? Pourquoi recherchez-vous de belles pensées, des mots et d’autres vanités diaboliques ? Vous devez vous en occuper; cela doit être votre but : amener les pauvres pécheurs à la vraie et parfaite pénitence et surtout éviter cette illusion : qu’il ne suffit pas de se confesser pour obtenir le salut mais qu’il faut aussi réparer.

Père Matteo d’Agnone, théologien exorciste (1563-1616), "Fasciculus Myrrae" p.587, p. Cipriano de Meo